The Padlock - By Voltaire

English Translation

Voltaire wrote a poem called "The Padlock" about the Chastity Belt his mistress' elderly husband placed upon his wife to keep her from straying. Voltaire termed it an "interference" among other things. Published in the book Caufeynon, La ceinture de chasteté, Paris: 1904 on page 43. It was supposed to be written in 1724 and contains some 80 lines of ancient French.


Caufeynon in his book La Ceinture de Chasteté
writes on page 43:

Voltaire eut l'occasion d'en voir, d'en palper une bien authentique, celle-la, et solidement
verrouillée autour du corps d'une de ces premières maîtresses qu'il désigne sous le nom resté
mystérieux de madame de B... C'este ce qui nous a valu le joli conte du Cadenas.
L'auteur avait environ vingt ans quand il fit cette pièce adressée en 1716 à une dame pour laquelle
son mari avait pris cette étrange précaution. Elle fut imprimée pour la première fois en 1724.
Le conte du Cadenas est connu, mais il est si bien à sa place ici que nous nous reprocherions
de ne pas le reproduire.

Je triomphais : l'amour était le maître,
Et je touchais à ces moments trop courts
De mon bonheur, et du vôtre peut-être :
Mais un tyran veut troubler nos beaux jours.
C'est votre époux ; geôlier sexagénaire
Il a fermé le libre sanctuaire
De vos appas ; et trompant nos désirs,
Il tient la clef du séjour des plaisirs.
Pour éclairer ce douloureux mystère,
D'un peut plus haut reprenons cette affaire.

Vous connaissez la déesse Céres :
Or, en son temps Céres eut une fille
Sembable à vous, à vos scrupules près,
Brune, piquante, honneur de la famille,
Tendre surtout, et menant à sa cour
L'aveugle enfant que l'on appelle Amour.
Un autre aveugle, hélas ! bien moins aimable,
Le triste Hymen, la traita comme vous.
Le vieux Pluton, riche autant qu'haïssable,
Dans les enfers fut son indigne époux.
Il était dieu, mais avare et jaloux :
Il fut cocu, car cétait la justice.
Pirithoüs, son fortuné rival,
Beau, jeune, adroit, complaisant, libéral
Au dieu Pluton donna la bénéfice
De cocuage. Or ne demandez pas
Comment un homme avant sa dernière heure,
Peut pénétrer dans la sombre demeure :
Cet homme aimait ; l'Amour guida ses pas,
Mais aux enfers, comme aux lieux où vous êtes.
Voyez qu'il est peu d'intrigues secrètes !
De la chaudière un traître d'espion
Vit le grand cas, et dit tout à Pluton.
Il ajouta que même, à la sourdine,
Plus d'un damné festoyait Proserpine.

Le dieu cornu dans son noir tribunal
Fit convoquer le Sénat infernal.
Il assembla les détestables âmes,
De tous ces saints dévolus aux enfers,
Qui, dès lontemps en cocuage experts,
Pendant leur vie ont tourmenté leurs femmes.
Un Florentin lui dit : " Frère et Seigneur,
Pour détourner la maligne influence
Dont notre Altesse a fait l'expérience,
Tuer sa femme est toujours le meilleur :
M ais, las ! seigneur : la vôtre est immortelle.
Je voudrais donc, pour votre sûreté,
Qu'un cadenas, de structure nouvelle,
Fût le garant de sa fidélité.
A la vertu par la force asservie,
Lors vos plaisirs borneront son envie ;
Plus ne sera d'amant favorisé.
Et plût aux Dieux que, quand j'étais en vie,
D'un tel secret je me fusse avisé ! "
A ce discours les damnés applaudirent,
Et sur l'airain les Parques l'ecrivirent.
En ce moment, feu, enclume, fourneaux
Sont préparés aux gouffres infernaux
Tisiphoné, de ces lieux serrurière,
Au cadenas met la main la première ;
Elle l'achève, et des mains du Pluton
Proserpine recut ce triste don.
On m'a conté qu'essayant son ouvrage,
Le cruel dieu fut ému de pitié,
Qu'avec tendresse il dit à sa moitié :
" Que je vous plains ! vous allez être sage. "

Or se secret, aux enfers inventé,
Chez les humains tôt après fut porté ;
Et depuis ce, dans Venise et dans Rome,
Il n'est pédant, bourgeois ni gentilhomme,
Qui, pour garder l'honneur à sa maison,
De cadenas n'ait sa provision.
Là, tout jaloux, sans craindre qu'on le blâme,
Tient sous la clef la vertu de sa femme.
Or votre époux, dans Rome a fréquenté :
Chez les méchants on se gâte sans peine,
Et le galant vit fort à la romaine.
Mais son trésor est-il on sûreté ?
A ses projets l'Amour sera funeste :
Ce dieu charmant sera votre vengeur ;
Car vos m'aimez ; et quand on a le coeur
De femme honnête, on a bientôt le reste :

"Voltaire"


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